En ce mercredi 19 avril 2023, nous commémorons le 630e anniversaire du mariage de Hervé 1er de Keroulas avec Catherine de Kergadiou le 19 avril 1393. L’occasion d’une sortie en Pays d’Iroise sur les lieux qui ont vu vivre nos ancêtres.
Le Manoir de Keroual à Guilers
A la sortie de Brest, sur la commune de Guilers, se trouvent le bois et le manoir de Keroual dont la consonance rappelle celle de Keroulas. Attache encore renforcée par les blasons respectifs qui sont identiques « fascé à 6 pièces d’argent et d’azur ».
Le manoir a vu naître en 1649, la descendante d’Adelice de Keroulas, Louise Renée de Penancoët de Keroual qui est l’ancêtre de Diana Spencer, la célèbre Lady Di.
En 1944, les Allemands qui résidaient au manoir pendant l’Occupation, l’ont incendié volontairement.
Seuls les 2 pavillons de part et d’autre du manoir ont été restaurés. Le corps de logis principal qui n’a pas recouvré sa toiture ressemble à un château fantôme attendant qu’un éventuel visiteur daigne lui redonner sa toiture et son lustre d’antan.
Vue d’ensemble du manoir de Keroual (en haut), vue de côté et le pigeonnier au bord de l’enceinte du manoir.
Le manoir de Cohars à Ploumoguer
A un kilomètre du bourg de Ploumoguer, sur la route qui mène à Saint-Renan, voici le domaine de Cohars qui a donné son nom à la branche des Keroulas qui seule porte aujourd’hui son nom en Cornouaille.
Entouré d’une muraille impressionnante de plus de 5 mètres de large et de haut, le manoir ressemble à un château-fort sans les douves. L’aspect moins austère du corps de logis ne parvient pas à gommer la vocation défensive de sa construction au XVIIIe siècle.
La Pointe Saint-Mathieu à Plougonvelin
Dominant l’océan au sommet de la falaise, et calées entre un phare et un sémaphore, les ruines de l’abbaye de la Pointe Saint-Mathieu impressionnent le visiteur. Abandonnée à la Révolution, l’abbaye, exposée aux intempéries, n’offre au regard que de gigantesques pans de murs et plusieurs voûtes, vestiges de sa splendeur passée. Classée monument historique depuis 1875, l’abbaye fait régulièrement l’objet de travaux de mise en valeur.
Des générations de Keroulas ont dû s’y rendre à l’occasion de fêtes religieuses : Cohars n’est qu’à une petite dizaine de kilomètres et le manoir de Keroulas à peine au double.
Le château de Kergroadès à Brélès
Les Kergroadès étaient pendant toute la fin du Moyen-Âge les seigneurs les plus puissants de la région et leur demeure seigneuriale en témoigne encore aujourd’hui. Les Keroulas, quoique moins fortunés, étaient souvent leurs partenaires ou leurs compétiteurs en diverses occasions.
Distant de quelques kilomètres de Keroulas, le château de Kergroadès, classé monument historique, frappe par son architecture à la fois défensive et esthétique. Des travaux de toiture du pavillon de l’aile droite sont actuellement en cours. Une visite de l’intérieur permet de se plonger dans la vie des seigneurs de la région aux XVIIe et XVIIIe siècles.
L’allée d’accès au château de Kergroadès, la vue de l’entrée et une vue latérale.
Le donjon du château des Chastel à Trémazan (Landunvez)
Sur la côte découpée de la mer d’Iroise, à quelques kilomètres au sud de Portsall, se trouvent les ruines du château de Trémazan, berceau de la famille du Chastel qui fut une des plus puissantes de Bretagne à la fin du Moyen-Âge. Liée aux Keroulas par plusieurs mariages : Jean 1er de Keroulas avec Jeanne du Chastel en 1435 et bien sûr celui de Marie de Keroulas (la penn herez) avec François du Chastel en 1565, la famille du Chastel est restée sans descendance au XVIIIe siècle.
Abandonné à la fin des années 1700, le château fut vendu comme bien national à la Révolution. Seul l’imposant donjon est visible de loin ; les abords ne sont pas accessibles à cause d’effondrements. Une triste fin comme celle de nombreux manoirs et châteaux du Moyen-Âge dans cette région.
L’église de Larret à Porspoder
Une halte dans ce village de Larret, commune rattachée à Porspoder depuis 1971. Les seigneurs de Keroulas y avaient des terres et même un fermier. Gabriel de Keroulas (1702-1739) fut recteur de la paroisse. La petite église se distingue par sa simplicité et son excellent état de conservation malgré sa très faible fréquentation actuelle.
Vue d’ensemble de l’église de Larret (haut), son magnifique intérieur aux murs en pierres (milieu) et les bannières au fond qui semblent attendre que des paroissiens viennent les sortir.
Le menhir de Kergadiou
Voici le principal témoin de la famille de Kergadiou qui s’unit aux Keroulas en 1393. Le menhir, situé sur une colline à courte distance de Larret, est le plus haut de Bretagne après celui de Kerloas à Plouarzel (8,55 m. contre 9,50 m.). Peut-être était-il plus haut car il semble avoir perdu sa partie supérieure. Il se dresse avec élégance comme un doigt pointé au ciel, malgré son poids estimé de 40 tonnes. A quelques dizaines de mètres on aperçoit un autre menhir couché qui semble se tordre de douleur. Il serait plus haut que le précédent et pèserait une soixantaine de tonnes. A t’il jamais été dressé ou s’est-il effondré dans sa fosse de calage ?
Classé monument historique, le menhir de Kergadiou, situé sur la commune de Plourin, n’est accessible que par un chemin empierré peu praticable.
Peut-être que les mariés de 1393 se sont rendus auprès de ce mégalithe impressionnant qui fut érigé à la période du néolithique, il y a plus de 5.000 ans !
Une escapade à l’île d’Ouessant
La proximité du Conquet, port d’embarquement pour les îles de la mer d’Iroise, nous incite à passer une journée sur Ouessant, car les Keroulas y possédaient des terres du temps de leur splendeur au XVIIe siècle.
Nous savons même que Tanguy de Keroulas (1641-1724), sieur de Kerescar et fils de René de Keroulas et de Marie de Penfeuntenyo, a obtenu par adjudication (enchères) le manoir de Kerlezren à Ouessant. C’était le 6 novembre 1683 et nous apprenons en outre que son fils Julien Marc de Keroulas (1667-1751), sieur de Romainville, en a hérité en 1720.
Qu’est devenu ce manoir par la suite ? Mystère. On ne retrouve pas le nom de Kerlezren sur l’île, ni même un nom approchant : Kerleren, Kerlern… Pourtant la syllabe Ker indique bien un nom de lieu ! Peut-être qu’un historien passionné par Ouessant nous en apprendra plus un jour sur cette acquisition.
Paysage typique de l’île d’Ouessant avec en fond le phare du Créach, un des plus puissants au monde avec une portée de plus de 60 km.
Le Fromveur II qui assure la liaison entre Ouessant et Molène avec le continent: Le Conquet puis Brest.
L’église de Brélès
L’église des Keroulas est l’église tréviale puis paroissiale Notre Dame de Brélès. Sous forme de croix latine, l’église forme un enclos avec le cimetière attenant. On y accède par une arcade originale (ci-dessous) sous forme d’une dentelle de granit.
Dans le cimetière se trouvent les tombes des Le Borgne et des Lorgeril, descendants de la famille de Keroulas. Ci-dessous celle de François Nicolas LE BORGNE de KEROULAS (1788-1843) ainsi que Pierre Charles DE LORGERIL, mort pour la France le 12 mai 1918 à Poperinghe en Belgique.
Le manoir de Keroulas à Brélès.
Nous sommes très agréablement accueillis par Béatrix et Yves de Lorgeril au manoir de Keroulas, descendants de Hervé 1er de Keroulas et de Catherine de Kergadiou, les mariés de 1393. En effet le manoir, n’ayant jamais été vendu depuis cette union, est resté sans interruption dans la famille. Nous avons parlé du présent et de l’avenir du manoir qui semble assuré pour des décennies. Ce qui nous a bien fait plaisir.
La cour du château de Keroulas à Brélès avec la chapelle au fond et la chienne qui accueille les visiteurs.
Le cadre bucolique de la rivière Ildut à Saint-Eloi, quelques centaines de mètres en aval du manoir de Keroulas.
Voici le manoir de Keroulas, dans son écrin forestier, vu de la colline de l’autre côté de la rivière Ildut.
Nous avons aussi évoqué le passé et notamment ce mariage en 1707 de Catherine Corentine de Keroulas avec Alain Nicolas Le Borgne de Coativy. Un portrait de ce dernier a été retrouvé au manoir mais dans un si mauvais état que sa restauration est presque impossible. Néanmoins une reproduction a été réalisée par un copiste. On remarque toute l’importance de ce personnage qui est conseiller du roi, premier magistrat de Léon et sénéchal de Lesneven. Un beau mariage pour l’héritière des Keroulas.
Il n’existe pas dans la famille d’autre portrait de cette époque (début du 18e siècle) et ce travail est donc le bienvenu !
Les photos des portraits sont de Béatrix de Lorgeril, les autres photos sont de Byung-Ok Bescond.